En cette belle fin de semaine ensoleillée de la Pentecôte,
comme depuis plusieurs années, nous nous rendions à Saint Malo, au festival
"des Étonnants voyageurs". Nous avions même prévu les chapeaux de
paille pour aller d'un point à un autre dans la ville !
Je ne vous présenterai pas tout mon programme, tellement il
fut intense, ce fut trois journées bien remplies. "Bon, cette fois on fait
"cool" ! Disions-nous avant de partir…
Entre les cafés littéraires, dans la salle du grand large,
les différentes interventions à l'école de la marine, à l'hôtel du nouveau monde, au théâtre
Chateaubriand… Ce fut un vrai festival et je vous raconterai, à l'aide de
quelques photos, mes rencontres ou découvertes.
Il termina par l'évocation des carnets de Pasteur,
découverte qui le fait encore frémir aujourd'hui puisqu'il occupe son ancien
siège à l'Académie.
Son prochain livre aura pour thème la mer, nous a-t-il dit,
puisqu'il part, je crois, avec une très grande navigatrice, Isabelle
Autissier.
Un bon moment passé aussi avec Carole Martinez et son
"Du domaine des murmures"
(que j'ai lu !) Elle nous rappela de joyeuse façon, qu'il lui fallu quatorze ans
pour écrire son premier livre "le cœur
cousu" et deux mois pour le voir filer des bacs des libraires…
Elle adore entendre son lecteur raconter son livre mais
puisqu'elle se trouve là pour en parler… Elle a laissé son héroïne deux cents
pages dans son "trou" alors qu'elle pensait ne la laisser là qu'une
trentaine de pages ! Au début de l'écriture, elle ne pensait pas parler de
maternité, de relation filiale mais seulement de murmures de six femmes
enfermées dans ce même trou noir…
Et puis la maternité est venue s'inscrire sur ces murs. Son héroïne l'a ressentie, la première fois, sur la pointe des seins contre les murs de sa prison. Toutes ces sensations
d'enfermement, elle est allée les vivre dans un
vrai château, qu'elle avait tout
d'abord construit sur le papier. Ou du moins, elle s'est inspirée du château de Montal près de St Céré (j'en garde un très beau souvenir !), nommé "château
de la maternité" construit en 1523 par une femme, Jeanne de Balzac qui se
croyait stérile. Elle le destinait à son fils aîné, Amaury, qui, parti à la
guerre, ne revint pas vivant. Vous ne manquerez sans doute pas de remarquer les
mots "Plus d'espoir", que la malheureuse mère fit graver sous une des
lucarnes du bâtiment." Il y a l'aile des vivants et l'aile des morts et
une tour…
Six femmes sont passées par ce château, dont Jeanne de
Balzac et Esclermonde (celle qui éclaire le monde) et il ne reste que leurs
murmures. Elle les a imaginées puis dessinées.
Carole Martinez avait pensé pour le titre de son livre
"ne vois-tu rien venir" puis " le soupir de la sainte et les
cris de la fée" (vers de Gérard de Nerval)…
Le "domaine des murmures", ça fait un peu
"pinard" a pensé un de ses amis et les filles ont pensé à une saga… Elle choisit alors
"Du domaine des murmures"
Le thème de la femme qui refuse, une recluse, qui était déjà
le thème de son "cœur cousu", une femme enfermée dans sa cuisine. Dans
celui-là, dès le départ, elle voulait l'enterrer vivante comme dans les contes
orientaux (déjà dans "le lait de la mort" chez Yourcenar) où l'on
prie sans aucune issue, (voir les dames du 12e de Georges Duby, les
pèlerins faisaient passer les messages de recluses en recluses.
Puis elle nous parla de la fenestrelle, petite fenêtre avec
des barreaux, métaphore très forte, qui est devenue l'unique orifice de la
recluse (sa bouche, son sexe).
La pierre allait enfanter. Un ventre de chair enfermé dans
un ventre de pierre qui lui-même est enfermé en moi nous confie Carole
Martinez. Je trouve cette image incroyable. Et vous ?
La prochaine fois je vous conterai, une belle rencontre que
j'ai faite aussi cette année, l'auteure mauricienne Ananda Devi. A bientôt !
J'ai rencontré les deux auteurs dont tu nous parles aujourd'hui, je n'ai donc aucune peine à les retrouver dans ton compte-rendu. Ils sont aussi intarissables l'une que l'autre, et intéressants.
RépondreSupprimerTout à fait de ton avis ! Moi aussi j'ai envie de lire le premier et j'ai déjà lu le second livre de Carole Martinez (j'ai eu un peu de mal car il y a des passages assez durs mais j'avais envie d'aller jusqu'au bout...) qui m'a littéralement bluffée par son dynamisme et c'est une vraie passionnée !
SupprimerJe lis tout Orsenna, avec plaisir, pour son écriture et son universalité. J'ai bien aimé le Coeur cousu, malgré quelques suffocations due au confinement de la situation ... Alors ton billet m'a passionnée et je lirai je pense le deuxième livre de Carole Martinez. Merci pour ce décryptage, très intéressant. Bonne journée.
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SupprimerJe n'ai pas encore lu "le coeur cousu" mais cela ne saurait tarder !
SupprimerBon week-end !
Quelle chanceuse ! de bien belles rencontres
RépondreSupprimerChacun son tour ! Ce festival, je ne le rate pas depuis... Et toujours de belles rencontres et ce n'est pas fini...
SupprimerCe ne sont pas ceux que je serais allée écouter je le dis franchement.
RépondreSupprimerOrsenna tout académicien qu'il soit m'agace un peu .
Quant à Carole Martinez je ne suis pas arrivée à entrer dans cette fable,je l'avoue un des rares livres que je n'ai pas terminé
Par contre Ananda Devi.....
J'avais beaucoup aimé Le sari vert et je lis régulièrement ses carnets
A bientôt
Bises
Bonsoir,
SupprimerJ'ai écouté C Martinez lors des rencontres du Goncourt des lycéens à Rennes, elle était très agréable même passionnante lorsqu'elle racontait son rapport aux livres. Cela ne m'étonne pas que ce livre plaise à des lycéens, il parle de l'enfermement et de la solitude.
Bretonne
Peut-être que si j'avais rencontré Carole Martinez avant la lecture du livre je l'aurais abordé de façon différente.
SupprimerMais je suis un peu trop cartésienne pour les fables
Je sais que je ne suis pas la seule à ne pas avoir terminé ce livre,Dominique ne s'en vante pas ,mais elle non plus!
Vous êtes adorables les filles de faire salon ici, c'est ainsi que je conçois la vie des blogs !!!
SupprimerBienvenue Bretonne, de St Malo ?
Tu sais Aloïs, son intervention durait une demi heure et je me suis régalée à l'écouter, quel talent ! Par contre, Carole Martinez m'a enthousiasmée par sa fraîcheur, son talent de conteuse et ses paroles convaincantes ! Et pourtant son sujet n'est pas facile !
Bientôt Ananda Devi... Tu sais comme le temps passe vite en ce moment...
Bises
Honte à moi
SupprimerJ'avais lu le billet très vite
Montal et je ne réagis pas
Houlala besoin de vacances
Montal n'a jamais été terminé
Le fils de Jeanne de Jeanne de Balzac est mort durant les guerres d'Italie le château lui était destiné elle en arrêta la construction
On peut dire qu'il en manque la moitié
Sur son fronton est inscrit"Plus d'espoir" le mot plus à prendre dans le sens de davantage
Pour la petite histoire La Joconde a été cachée au château de Montal durant la guerre
Bonne journée
http://www.pariscilaculture.fr/2012/01/entretien-avec-carole-martinez/
Merci pour le lien, je le lirai demain !
SupprimerA bientôt. Bises
Belles découvertes!
RépondreSupprimerTu m'as donné envie de lire" la route du papier" et j'ai envie d'en savoir plus sur Montgeron et le faux-monnayeur.
Le prix Goncourt des lycéens couronne toujours des oeuvres très dures.
Ces histoires de recluses me touchent -Je me rappelle entre autres, celle, horrible, du roman de Jean Teulé (HORRIBLE) sur Villon. J'ai visité un château dans le Périgord où avait été murée la dame du château pour un adultère réel ou supposé
Je n'ai pas encore lu le livre de Jean Teulé, effectivement il doit être très dur car il ne fait pas dans la dentelle !!! Dans celui de Carole, il est question aussi d'une maternité qui adoucit d'une façon assez contradictoire le récit...
SupprimerOui la condition de la femme en ces temps_là....
Le thème de la nouvelle de M. Yourcenar se retrouve chez I .kadaré, dans Le Pont aux trois arches
RépondreSupprimerhttp://www.dordogne-perigord-noir.fr/chateau-puymartin/
Tout à fait ! Merci pour le lien !
SupprimerA bientôt
j'ai très envie de lire d'Orsenna! la route du papier...Pour "Du domaine des murmures", j'ai plus de réticence avec le thème de la femme recluse même si elle refuse sa réclusion!
RépondreSupprimerNe te gènes surtout pas, bonne lecture ! Moi aussi je le lirai !
SupprimerAh il s'en passait dans les châteaux et tu me fais penser au film de Tavernier "la passion Béatrice"...
Passionnant - tu donnes envie de lire, et de partir s'asseoir sur le port pour regarder les voiliers.
RépondreSupprimerNe t'en prives pas, c'est bientôt les vacances !!! Tiens j'ai pris deux photos à St Malo dans cet esprit....
SupprimerDéjà pour commencer, j'aime beaucoup l'affiche du festival,je pense qu'on peut rester devant un long moment...Ensuite, les rencontres sont toujours riches...au moins en émotions ! Je suis assez attirée par la route du papier mais je vais attendre la suite ;) Bises (très) pluvieuses
RépondreSupprimerOui une très belle affiche cette année, il y avait beaucoup de poésie à ce festival. Des rencontres toujours enrichissantes que nous faisons chaque année !
SupprimerBon week-end ! Bises (guère plus ensoleillées)
Tu en as de la chance. Cela m'aurait bien plu d'assister à ces deux rencontres. J'aime bien ces deux auteurs mais je n'ai pas encore lu ceux qu'ils ont présentés. Ton billet ne fait que me conforter dans l'idée de continuer à les suivre.
RépondreSupprimerDes envies de lecture, elles ne nous quittent pas, n'est-ce pas !Tiens, il faut que je pense à lire ton blog-livres !
SupprimerA bientôt
J'aime beaucoup l'affiche, très inspirants ces nuages !
RépondreSupprimerJe suis tentée par le livre "Sur la route du papier" que je n'ai pas lu.
Tu as du passer une belle journée, toutes ces rencontres, tous ces beaux
voiliers !
bisous
Un très bon week-end de Pentecôte comme tous les ans !!! Et le décor est parfait qui nous donne envie de larguer les amarres !!!
SupprimerL'affiche est très belle !
Bon samedi. Bises
super ton post ! j'aime les livres, les papiers,
RépondreSupprimerleurs odeurs, les toucher et les lire bien sûr !
merci pour ces nouvelles idées !
Ravie, ravie que tu aime... Ah les livres, le papier, l'écriture... Que du bonheur !
SupprimerA bientôt et bon vent dans ton imaginaire !!!!
Fantastique, tout est beau dans ce billet, j'adore aussi le titre de ces rencontres : "étonnants voyageurs"...
RépondreSupprimerC'est fou ce qu'ils peuvent m'étonner chaque fois et c'est un plaisir renouvelé !
SupprimerUne rencontre où je pense bien me rendre un jour.
RépondreSupprimerQuelle chance.
On prend rendez-vous ! D'accord !
SupprimerJe ne suis allée qu'une fois au Festival Etonnants voyageurs, mais n'ai pas eu l'occasion d'écouter des conférences. Nous y avions cependant rencontré des auteurs sympas et mon Astheval était ravie car le thème du festival était la science fantasy
RépondreSupprimerJe n'ai lu aucun des auteurs dont tu parles, voilà donc de bonnes pistes de lecture...
St Malo sous le soleil, c'est magique et le Renard que tu as photographié est un bien joli bateau.
Bises à toi Martine et bonne fin de semaine
On s'y retrouve l'année prochaine !
SupprimerLe renard, where is't ?
Bon week-end !
Merci pour le texto ! A bientôt Bises
Etonnants voyageurs est un beau festival pour qui sait affronter la foule. Je suis un peu honteuse, j'ai l'impression d'être rentrée par effraction en répondant au commentaire de : Autourdupuits sans même m'adresser à la propriétaire des lieux, je viens pourtant régulièrement faire un tour chemin faisant et j'y trouve toujours du plaisir.
RépondreSupprimerMais je t'en prie ! Un plaisir de te recevoir ici ! Vous êtes formidables les filles de converser ainsi ! J'aime ! Et encore plus quand tu laisses un petit commentaire !
SupprimerEncore moi, le coeur cousu de Carole Martinez est plus difficile à lire, il m'a fallu rentrer dans son univers et puis le livre est épais. Dans un premier temps à emprunter et si l'alchimie fonctionne , on passe alors de merveilleux moments.
RépondreSupprimerOk, merci pour un début de fiche de lecture ! Elle a mis quelques quatorze années pour le finaliser !
SupprimerC'est la dernière fois que j'interviens mais c'est pour répondre à une question, je n'habite pas Saint-Malo même si j'y vais souvent, je vis à Rennes et plus exactement Saint - Grégoire.
RépondreSupprimerBonne nuit.
Super une bretonne de Rennes, St Malo n'est pas si loin, peut-être à l'année prochaine au même endroit !
SupprimerBonne nuit !
A bientôt
J'adore la tête d'Eric Orsenna. Et ce qu'il écrit aussi, bien sûr !
RépondreSupprimerJoli, le voilier. Vu ses couleurs, il devrait s'appeler "la guêpe" :)
L'affiche m'a tout de suite fait penser à Cécile Duflot :D
Oui il était en pleine forme, quel humour !
SupprimerJe me régale toujours à photographier les bateaux...
Pourquoi Cécile Duflot ?
Bonne semaine Bises
Bien belles photos, couleurs éclatantes
RépondreSupprimerSaint-Malo par beau temps c'est magique
yveline (normande d'origine)
Bienvenue Yvelyne !
SupprimerTout à fait c'est magique et on peut rencontrer de vrais écrivains-voyageurs...
A bientôt !
Je ne parviens pas à trouver votre blog ?