Rencontre entre une
plasticienne et l'auteur d'Un cœur cousu,
au Musée de Bayeux (MAHB)
A l'occasion de
l'exposition "Chrysalides de
dentelle, des installations de Marjolaine
Salvador-Morel, le MAHB a organisé mercredi soir une rencontre entre la
plasticienne et Carole Martinez.
Rencontre fort sympathique, spontanée ou naturelle et tellement vivante qu'il
me fallait vous en donner un bref aperçu !
L'affiche
Carole Martinez nous lit entièrement le paragraphe de la vierge nue où il question
d'un cœur que Frasquita a brodé… Je me laisse envahir par l'émotion et même par
la beauté du texte lu.
Je n'ai pas encore lu
"Le cœur cousu", elle me l'a dédicacé et j'ai hâte de l'ouvrir
maintenant.
"Frasquita Carasco a dans son village du sud
de l'Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se
transmettent aux vêtements qu'elle coud, aux objets qu'elle brode : les fleurs
de tissu créées pour une robe de mariée sont tellement vivantes qu'elles
faneront sous le regard jaloux des villageoises ; un éventail reproduit avec
une telle perfection les ailes d'un papillon qu'il s'envolera par la fenêtre ;
le cœur de soie qu'elle cache sous le vêtement de la Madone menée en procession
semble palpiter miraculeusement...
Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l'errance à travers l'Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus – ou accablés – de dons surnaturels...
Le roman fait alterner les passages lyriques et les anecdotes cocasses ou cruelles. Le merveilleux ici n'est jamais forcé : il s'inscrit naturellement dans le cycle tragique de la vie." (Quatrième de couverture, chez Gallimard, collection blanche) Il existe en poche.
Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l'errance à travers l'Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus – ou accablés – de dons surnaturels...
Le roman fait alterner les passages lyriques et les anecdotes cocasses ou cruelles. Le merveilleux ici n'est jamais forcé : il s'inscrit naturellement dans le cycle tragique de la vie." (Quatrième de couverture, chez Gallimard, collection blanche) Il existe en poche.
Pour Marjolaine, le livre "le
cœur cousu" fut une révélation. Sa mère étant dentellière, elle fut
bercée dans les fils, si présents depuis sa tendre enfance…
Le cœur de Marie, c'est
exactement autour de celui-ci que se rejoignent et l'œuvre de la plasticienne
et le livre de l'auteur…
Et Carole de nous raconter
qu'elle voulait que son héroïne ait du talent. " J'ai imaginé l'Espagne
imaginaire de mon arrière arrière arrière grand-mère. Les femmes de cette
époque comme depuis la nuit des temps, n'avaient pas les mots pour garder ces
recettes de brodeuses ou dentellières, la transmission se faisait oralement
uniquement.
Dans
le Sud de l’Espagne, au début du XIX e siècle, les femmes d’une même famille se transmettent de génération en
génération des prières millénaires ainsi qu’une mystérieuse boîte.
Carole nous confie qu'elle a mis 14 années à écrire son livre, forte d'un désir de petite fille, imaginer et raconter la vie de son arrière, arrière, arrière grand-mère, née en Espagne … Les femmes n'avaient que le fil pour s'exprimer. Comme la dentelle, son livre est une œuvre de patience, "je relis 36 fois, je retire un paragraphe entier que je remettrais un jour dans un autre livre, recommencer, tout doit être cohérent… Patience de dentellière."
"Le désir d'écrire
dure longtemps pour un livre comme pour un homme. Je laisse monter le désir et
je me lâche dans l'écriture…"
Le roman est un bloc de
marbre, chaque partie doit s'intégrer parfaitement dans le cercle, idée de
l'artisan qui monte son œuvre comme l'écrivain,
dans la forme du roman" C M
Le passage des casseroles dans la cuisine a été la "graine" du livre, nous dit Carole M. Je vous en écris un extrait :
"Ecoutez, mes sœurs !
Ecoutez cette rumeur qui emplit la nuit ! Ecoutez... le bruit des mères ! Des
choses sacrées se murmurent dans l'ombre des cuisines. Au fond des vieilles
casseroles, dans des odeurs d'épices, magie et recettes se côtoient. Les
douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le cœur. Leurs plaintes sont
passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes épicées, saveurs
salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes ! "
Écrire un texte à l'aiguille, le texte comme le textile… Quand Ulysse est revenu vers Pénélope qui brodait, était-elle un peu Homère ?
Marjolaine a voulu
dessiner des bijoux, à 13 ans, à 15 ans, elle s'attarde sur des dessins en
blanc proposés par des religieuses d'Argentan. Elle fait connaissance avec un
travail traditionnel de dentellière, aux fuseaux, aux aiguilles…
En 2006, une expérience de
dentelle qu'elle exécute pour des non-voyants lui fait employer le fil de
nylon, d'où les installations que l'on peut palper !
Faire un croquis puis
vient le temps de la contemplation, se perdre dans son jardin de 600m2, son
esprit s'en imprègne, les traits arrivent et le projet global se concrétise.
Une démarche qui est de l'ordre du sacré, de la spiritualité comme "la
canne des anges" ou bien sûr "le cœur de Marie"…
Merci mesdames et à
bientôt !
J'avais beaucoup aimé
"Du domaine des murmures", je crois bien que celui-ci …